Speaking In Tongues
Scribbling In Voices
Vladimir Vysotsky
Translated into French by Alex Tolkachev
-
-
Le boxeur sentimental
-
-
- Un coup, un coup, encore un coup,
- Encore un coup, et là
- Boris Boutkéev de Bakou
- Place son uppercut
- Il me pousse dans le coin,
- Je méchappe à grand peine,
- Uppercut! Je suis à terre,
- Et j'me sens pas très bien.
- Boutkéev pensait en brisant ma machoire
- La vie est si belle, et vivre cest si bon.
-
-
- On me compte sept, j'suis étendu
- Mes fréres pleurent à chaudes larmes
- Je me relève, je plonge, jesquive
- Et je marque des points
- Mais ce nest pas vrai que je garde
- Mes forces pour la fin
- Cogner au visage, je n'peux pas
- Depuis qu je suis infant.
- Boutkeéev pensait en me broyant les côtes:
- La vie est si belle, et vivre cest si bon.
-
-
- Les tribunes sifflent, les tribunes hurlent:
- Fous-y une trempe, à c'lâche !
- Lui, il mimpose le corps à corps
- Moi, je m'tiens en arrière
- Mais il me cherche, ce Sibérien
- Ces gars-là, cest têtu
- Et je luis dis: repose-toi
- Tes fatigué, tes fou
- Il ma pas entendu, et pense en hal'tant
- La vie est si belle, et vivre cest si bon.
-
-
- Et il cogne encore, la sale brute,
- Je vois que ça va mal
- La boxe, c'est un sport pour les braves
- Et c'est pas une bagarre!
- Mais il frappe: un, deux et trois,
- Et... seffondre tout seul
- Alors, l'arbitre lève mon bras
- Innocent de tout coup.
- Par terre, il pensait que la vie est si belle,
- Belle pour certains, mais pour dautres quelle chienne!
-
-
A lhôpital
-
-
- Je vivais avec père et mère
- Rue Arbat le bon vieux temps!
- Me voilà à lhôpital militaire
- Sur le lit, en pansements.
- Nôtre gloire, nôtre Klava
- Linfirmière et le vaste monde.
- Mon voisin est mort à droite
- Celui de gauche pas encore.
-
-
- Et un jour, comme enfièvré
- Mon voisin, celui de gauche
- Dit soudain: écoute, mon frére
- Tu nas plus quune jambe.
- Comment ça? Pas vrai, les gars!
- Il a voulu plaisanter
- Cest les doigts quon coupera
- Mavait dit le chirugien.
-
-
- Mon voisin, celui de gauche
- Continue de plaisanter
- Même les nuits, quand il délire
- Il ne parle que de ma jambe.
- Tu tremettras plus sur pieds
- Quil me dit, goguenard.
- Si tu pouvais te regarder,
- Tu reverras plus ta femme.
-
-
- Si jétais pas estropié
- Je sortirais de mon lit
- Je lui tordrais volontiers
- Le cou à ce type.
- Et je prie la soeur Klava
- De me dire ce que je suis.
- Mon voisin, celui de droite
- Maiderait, sil était en vie.